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Roman

"La secrète et merveilleuse légende de la Princesse Ami-E" est le troisième roman de John FRANCEY.

Princesse_Ami-E_La_Légende_Féministe

Le MYSTÈRE de la Princesse Ami-E

Auteur :

John FRANCEY

Description

Ami-E était une jeune fille que rien ne prédisposait à devenir une princesse. Au contraire, son statut d’intouchable, la caste la plus basse en Inde, la prédestinait à être exploitée et maltraitée par ceux des castes supérieures.

Et pourtant, n’ayant pour elle que sa sensibilité, son instinct et son intelligence, elle réussira à avoir le droit de porter le diadème de princesse sans épouser de prince !

Sa légende pris corps quand elle devint la première princesse dirigeante en Inde à être féministe et démocrate.

Mais un complot ourdi par des dirigeants phallocrates tenta par tous les moyens de faire oublier cette histoire à l’Histoire officielle.

Ayant retrouvé par hasard, l’unique exemplaire restant de cette légende, John FRANCEY nous en fait découvrir sa traduction et son interprétation.

Il était temps qu’un homme répare ce que d’autres hommes avaient détruit. Ce vibrant hommage se lit comme un roman d’aventures ou comme un conte de fées enfin féministe…          (Faire défiler la page VERS LE BAS pour lire la suite !)

Prologue

« Cache-toi et observe la vie. Tu apprendras presque autant que dans les livres… ».

« Mais surtout, évite d’apprendre ce qu’il vaut mieux connaître plus tard. »     John FRANCEY

Ami-E, jeune orpheline de la caste la plus basse, celle des intouchables, retenait son souffle… Elle attendait, cachée, tapie dans les buissons. La luxuriante jungle indienne était idéale pour voir sans être vue.

Ses deux frères, Yaki son ainé et Chang son cadet, faisaient de même. À genoux, ils observaient la scène, mi-curieux, mi-apeurés.

Une tigresse défendant ses petits était extrêmement dangereuse. Car elle ne fuirait pas. Elle protègerait sa descendance coûte que coûte. Même si elle devait y laisser sa vie.

Mais, en plus, elle n’était pas seule. Un vieux tigre solitaire, aigri et affamé, rôdait dans les parages. La tigresse, sur le dos, le suivait des yeux tout en accouchant de la deuxième jumelle. En temps normal, elle n’aurait que guère de craintes. Sa force et sa rapidité auraient découragé le vieux tigre. Un combat avec elle signifierait, forcément pour lui, des blessures profondes. Et dans la jungle humide, une blessure mal soignée se traduisait souvent par une infection mortelle.

Si le vieux tigre était encore vivant à son âge, c’est qu’il avait su se préserver et donc fuir quand il fallait le faire.

Mais là, il avait vraiment faim.  Son regard fiévreux, sa maigreur, la lenteur de ses gestes, tout attestait qu’il y avait longtemps qu’il n’avait pris un bon repas.

Les vieux tigres fatigués ne pouvaient prétendre qu’à des proies faibles sans réelles défenses.

Les petits venant de naitre, consistaient un met de choix. Il ne pouvait pas laisser passer une telle occasion. Elle ne se reproduirait pas de sitôt.

La tigresse se mit à gémir très fort. Fait rare, elle accouchait une troisième fois d’affilée. Elle détourna un instant le regard de son ennemi pour observer avec surprise le troisième petit qui sortait difficilement de son corps. Il était plus gros que les deux autres. C’était certainement un mâle qui tentait de rejoindre ses deux sœurs jumelles. Elle gémit encore plus fort. L’endroit le plus mince de sa peau se déchira pour favoriser le passage de la tête, immense pour son âge. Elle cria de douleur tout en tentant de voir son ennemi qu’elle avait lâché un instant des yeux.

Celui-ci avait compris que c’était le bon moment. Il avait profité qu’elle ne le regardait plus, pour franchir les quelques mètres qui la séparaient d’elle.

Quand enfin elle le vît, c’était trop tard.

Le vieux tigre rassembla toutes ses forces et d’un bond extrêmement rapide, il se jeta dans la bataille. Il visa le jeune mâle qui était visiblement le plus gros des bébés.

Mais même fatiguée, elle conservait intacts, ses réflexes de chasseuse hors pair.  D’assise, jambes écartées, elle passa en un éclair à une meilleure position défensive. Elle se plaça entre lui et les petits. Solidement campée sur ses pattes arrière, elle s’apprêta à envoyer ses deux pattes avant sur le visage de l’ennemi. Car tel un boxeur, elle avait souvent gagné ses combats de cette manière.

Mais elle avait été inattentive trop longtemps.

Le vieux tigre avait bondi avant qu’elle ne puisse armer ses deux bras puissants. Ses griffes, dont certaines étaient cassées, de vieux mâle opportuniste, se plantèrent dans son poitrail doré. Elles déchirèrent la peau de haut jusqu’en bas, atteignant presque la précédente déchirure. Ensuite sa gueule, qui avait loupé l’objectif principal, se resserra sur le poitrail féminin et elle ne le lâcha plus malgré les violents soubresauts de la femelle surprise.

La jeune mère cria de douleur encore plus fort puis gémit, puis, tout hébétée, se tut définitivement. L’hémorragie était trop forte. Une faiblesse immense l’avait envahi. À cet instant, elle ne ressentait plus aucun désir, plus aucune envie. Seul un impératif besoin de repos survivait. Et même d’un repos éternel… Elle abandonna toute velléité d’action. Elle regarda une dernière fois ses petits et, sans larmes ni cris, elle laissa le froid et l’insensibilité l’envahir…

Les petits gigotaient de peur.

 

Ami-E et ses frères, à genoux dans les buissons, avaient assisté à toute la scène. Quand la jeune Indienne comprit que les jeunes tigresses jumelles et leur frère étaient orphelins comme elle et ses deux frères, elle ne put s’empêcher de penser au « jour du grand malheur ». C’est comme cela qu’ils l’évoquaient entre eux, le misérable et horrible jour où toute leur vie a basculé. La pudeur et la souffrance des souvenirs les empêchaient d’en raconter les détails.

 

Comme un flash, en un éclair, tout lui est revenu ! Des larmes jaillirent et embuèrent ses yeux…

 

C’était un premier avril. Il faisait beau et très chaud. Ami-e était servante chez un riche commerçant qui l’utilisait essentiellement à servir ses enfants pendant les cours donnés à domicile par le précepteur. Elle restait immobile, mais prête à honorer rapidement toute éventuelle commande d’eau, de thé, de biscuits ou de fruits, voire même parfois à rattraper un verre avant qu’il ne touche le sol. Ses réflexes et son aptitude à sauver de la vaisselle hors de prix lui avaient valu d’être reconduite à son poste. Alors qu’au début, ce n’était qu’un remplacement d’une serveuse tombée enceinte… Elle avait même appris à lire et compter en écoutant sagement, debout, attentive à tout ce qui se passait autour d’elle.

Ses deux frères n’avaient pas eu la même chance. L’un, Yaki, l’ainé, était bucheron, car grand et fort. L’autre, Chang, le cadet, lui était trop petit en taille, mais habile de ses doigts. Alors il fabriquait des flèches chez un armurier. En Inde, les enfants d’intouchables devaient travailler très jeunes, car les parents ne gagnaient pas assez pour les nourrir. Ils étaient au service des autres castes, obligés d’accepter les salaires les plus bas.

Leurs parents étaient cuisiniers chez le Maharadja. Celui-ci était tellement content du raffinement de leur cuisine qu’il avait décidé de les faire grimper dans l’échelle sociale. Fait très rare, il avait annoncé qu’ils seraient promus dans une caste supérieure. Mais c’était sans imaginer qu’un de ses gardes allait commettre l’irréparable. Ce fameux garde, bourru et intellectuellement très limité, traitait les parents d’Ami-E comme des moins que rien. En fait, il convoitait depuis longtemps la mère, qui, sans cesse, le repoussait. Il ne perdait aucune occasion pour les humilier, car étant de la caste au-dessus des intouchables, il en possédait le droit coutumier.

Mais quand il apprit que la famille d’Ami-E allait être promue, il rentra dans une rage folle. Il allait bientôt perdre le droit de les humilier, de les traiter comme des inférieurs. C’était le sourire narquois du père qui constitua la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Alors il décida d’utiliser le peu de temps qu’il lui restait pour se venger de ce qu’il vivait comme un affront personnel. Son plan machiavélique devait se dérouler devant le père et les enfants… Afin qu’à jamais, ils se souviennent ce que voulait dire « être intouchables » !

Il attendit patiemment que toute la famille soit réunie pour s’inviter à la table. C’était un repas copieux pour fêter la promotion. Tous les enfants avaient participé à son élaboration. Ils frémissaient d’impatience de se régaler.

Il prit le meilleur siège et commença à donner des ordres. Il mangea et but comme un goinfre, tout en ne cessant de mettre la main aux fesses de la mère comme il en avait le droit.

Le père bouillait devant de telles provocations. Mais il savait qu’il n’avait pas la loi pour lui. Il devait accepter que sa douce femme soit traitée comme une chose dévolue aux volontés des castes supérieures. Les enfants faisaient comme s’ils ne voyaient rien, mais ils observaient les réactions de leur père en cachette. Ils ressentaient une immense honte colorée de peur qui leur prenait les tripes. Ils avaient littéralement mal au ventre.

Sur le beau visage de la mère, des larmes avaient commencé à apparaitre quand le soldat jaloux de leur bonheur, souleva la jupe puis la déchira. Elle se retrouva nue, devant son mari et ses enfants.

Le soldat riait fort, parlait fort et empestait l’alcool fort. Ses gestes se firent de plus en plus indécents. Soudain, pris par une envie subite, il l’obligea à se mettre à quatre pattes. Puis, voulant encore plus l’humilier, il entreprit de lui soulever la tête pour la positionner à sa guise. Il utilisa alors le plat de son épée pour battre en rythme, les fesses de celle qu’il considérait comme son esclave.

Puis son regard se tourna vers les enfants. Tout en les fixant, il menaça la mère de passer son épée « partout où elle lui refuserait l’accès ! ». Tout en riant nerveusement, il s’écria :

— « Oui, ce soir j’en ai encore le droit ! Vous devez m’obéir. Je suis d’une caste supérieure ! ». Puis il poursuivi par : « Ce n’est que le début de la soirée… ».

Les enfants étaient effrayés par tant de cruauté. Ils ne savaient comment se comporter. Comment devaient-ils réagir ? Ils observaient leur père et essayaient de calquer leur comportement sur le sien.

Le père était resté immobile depuis le début, serrant les dents, imaginant sa vengeance quand il serait promu dans une caste supérieure. Mais les derniers mots du soldat lui firent comprendre que cela n’allait qu’empirer.

Alors n’y tenant plus, il prit le torchon qui était toujours à sa ceinture et l’utilisa pour saisir le tranchant de l’épée. Son but étant de désarmer l’agresseur puis de l‘assommer avec une poêle.

 

Mais le soldat n’était pas assez saoul pour se laisser désarmer sans réagir. Car c’était son plan depuis le début. Provoquer un geste interdit chez le père afin de pouvoir le tuer légalement. Il avait feint et simulé l’ampleur de son imprégnation alcoolique. Il avait même poussé le vice jusqu’à se verser exprès de l’alcool sur la chemise avant de s’inviter à leur domicile.

 

Enfin il savourait sa satisfaction. Il la tenait là, sa vengeance, à la pointe de son épée. Il avait passé de nombreuses minutes à aiguiser la lame. Maintenant, elle commença par trancher le torchon comme du papier, puis à en faire de même de la chair des mains du cuisinier. La lame acérée glissa jusqu’à la garde. Elle pénétra directement le cœur du père malheureux.

Les enfants virent dans les yeux de leur père une immense surprise teintée de déception. Puis le cuisinier s’écroula non sans avoir eu le temps de s’excuser en les fixant :

— « Je suis désolé… »

Voyant cela, l’ainé des enfants, Yaki se saisi d’un des couteaux de cuisine de son père et se jeta sur l’homme qui réussit à lui attraper le poignet tout en essayant de dégager son épée. Mais c’était sans compter que le cadet, Chang, était habile de ses doigts. Il se saisit du deuxième couteau et tenta de le planter en plein cœur de l’assaillant.  Mais il n’avait pas assez de force. Il ne réussit qu’à le faire saigner.

Ami-E avait des réflexes. En un quart de seconde, elle comprit ce qui se passait. Son pied partit à la vitesse d’une flèche et s’écrasa avec un grand bruit, exactement sur le manche du deuxième couteau qui s’enfonça d’un coup sec en plein cœur.

Le soldat avait réussi à dégager son épée du corps du père et tentait de poignarder la mère qui lui enserrait les jambes pour le faire tomber. Il regarda soudain à l’emplacement de son cœur et comprit que c’était la fin. Alors, dans un dernier accès de rage, il enfonça son épée dans le dos de la mère qui s’effondra tout d’un coup.

Le soldat poussa un dernier râle et s’affala sur le sol avec un grand bruit sourd. Puis ce fut le silence.

Quand Ami-E retrouva ses esprits, elle comprit qu’elle et ses frères étaient désormais orphelins. Elle assimila aussi que s’en était fini de la promotion qu’ils s’apprêtaient à fêter. Car maintenant, ils avaient commis le crime le plus grave en tuant un membre d’une caste supérieure. Ils allaient être condamnés à mort.

Ils prirent le maximum d’armes, de nourriture et de couvertures pour survivre. Puis ils profitèrent de la nuit pour s’enfuir, se cacher dans la jungle.

 

Tous ces malheureux souvenirs étaient revenus d’un coup. Le spectacle de ces tigres orphelins avait ravivé les douloureuses cicatrices de son âme. Ami-E décida que c’était le moment d’agir. Elle le fit comprendre à ses frères. Chang banda son arc et visa la tête du tigre. Il était un excellent archer qui s’entrainait tous les jours en chassant. Sa première flèche atteignit l’œil droit du vieux tigre qui était occupé à dévorer la mère décédée. La deuxième se ficha dans son torse. Alors Ami-E se redressa et avec Yaki armé de sa hache, ils chargèrent en criant. Le vieux tigre prit peur.  Mais avant de s’enfuir, il eut le réflexe de saisir le petit mâle dans sa gueule. Pendant que Yaki s’assura de la fuite effective de l’ennemi, Ami-E s’occupa des jumelles qui venaient de naitre. Elle les essuya avec de l’herbe sèche tout en leur parlant doucement. Elle était la première personne qu’elles sentirent et entendirent. Cela créa un lien affectif très fort entre eux trois.

Ami-E ne pouvait se douter qu’un jour, elle serait Princesse.

Mais sur le cadavre encore chaud de la mère, elle se fit la promesse de ne jamais abandonner les tigresses jumelles et de tout faire pour les aimer comme ses propres enfants !